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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 18:42
"Ce n’est plus une intervention mais c’est une guerre." La France est donc engagée au Mali dans un conflit contre le terrorisme. Un terme bien vague pour désigner des ennemis nombreux et multiples. Si la nécessité de l’intervention Française semblait bien légitime, nos soldats se sont engagés dans une situation extrêmement complexe qui pourrait vite devenir un véritable bourbier. Tentative d’explications.
 
        Le cas Malien est compliqué pour plusieurs raisons.
 
1ere raison : L’unité du pays n’a quasiment jamais été une réalité. Les tensions entre le Nord et le sud ne datent pas d’hier. La guerre qui a éclaté l’année dernière a provoqué un coup d’état et la chute du président Amadou Toumani Touré, aujourd’hui exilé au Sénégal. Mais surtout le Mali, ancienne colonie Française est composé de deux entités assez distinctes. Des populations noires sédentaires, au sud dans la région saharienne. Des populations plus arabophones et nomades au nord, essentiellement Touaregs et maures. Ces populations sont minoritaires et contestent très fortement l’autorité du gouvernement central de Bamako. Elles se sont fédérées en grande partie pour réclamer l’autonomie puis l’indépendance de l’Azawad (le Nord). Les tribus Touaregs étaient dans l’ensemble alliées avec le régime de Kadhafi. La chute de ce dernier a permis à de nombreux miliciens du MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) de revenir avec armes et bagages au Mali et de déclencher la guerre avec le gouvernement de Bamako. Il ne faut donc pas confondre ces mouvements politiques et nationaux avec les groupes djihadistes qui peuplent également la région.
 
 
carte_du_Mali_grande.gif
 
 
2de raison : De nombreux acteurs sont impliqués dans cette partie de poker menteur. Les groupes Djihadistes qui terrorisent les populations du nord et nos médias, ne sont pas non plus un bloc homogène. On peut les diviser en trois. Ansar Dine est un mouvement créé par un ancien Touareg, le MUJAO qui est lui un groupe de l’Afrique de l’Ouest et enfin AQMI (Al Quaida au Maghreb Islamique) qui est un groupe beaucoup plus Algérien, et, un peu lointain descendant du GIA. C’est ici un des autres points de questionnement majeurs. Quelle est la nature des relations entre les groupes terroristes, et en particulier AQMI, avec les services secrets algériens (DRS) ? En 2009 le colonel Lamana Ould Bou, responsable des services de sécurité au nord du pays affirmait : « Au coeur d’AQMI il y a la DRS » Inutile de chercher plus d’informations de sa part puisqu’il a été assassiné quelques jours après cette déclaration. On comprend en revanche que les Touaregs du MNLA n’ont donc pas les mêmes objectifs politiques que les islamistes. Après la conquête du nord les Touaregs ont proclamés l’indépendance de l’Azawad avant de se laisser déborder par leurs encombrants alliés. Ce sont ces groupes islamistes qui ont été stoppés par l’arrivée des troupes Françaises au Mali. Et l’on voit ici l’un des premiers pièges qui attend les forces de l’opération Serval. Il y a fort à parier que l’armée régulière malienne qui vient d’être humiliée va tenter de se venger des Touaregs. Plusieurs témoignages vont déjà dans ce sens comme l'explique notamment cet article du Monde. Les soldats Français devront donc surveiller de très près que la reconquête du nord ne s’accompagne pas d’exactions. Une plainte devant la Cour Pénale Internationale a déjà été déposé concernant des massacres, des viols et des pillages perpétrés par les deux camps.
 
 
azawad.jpg
 
 
 
3ème raison : les objectifs de guerre n’ayant pas été très explicites (guerre contre le terrorisme) il n’y a pas pour l’heure de plan qui prévoit l’autonomie du nord du pays.  D’autres acteurs jouent également un rôle plus obscur mais ils sont probablement incontournables. En premier lieu les USA, qui ont formé la plupart des officiers qui se sont soulevés contre Bamako. Après le cas Al Quaïda en Afghanistan on peut dire que cela devient une triste tradition Américaine que d’armer leurs futurs adversaires. Le Qatar  également qui joue là-bas son double jeu habituel de soutien aux islamistes les plus enragés. Mais, surtout comme nous l’avons déjà signalée l’Algérie, trop heureuse de pouvoir se faire passer pour l’ultime bastion face à la menace intégriste. Pour le professeur Shindler de l’école aéronavale Américaine le lien entre les services de renseignements algériens et AQMI sont indéniables. Une affirmation reprise dans cet article de International Business Times. Le géopoliticien Aymeric Chauprade pousse même jusqu’à une thèse qui laisse entendre que ces groupes sont savamment entretenus par « l’état profond » algérien afin de justifier sa propre existence.
 
La France pompier pyromane ?
 
Il semble assez clair qu’une partie des combattants Touaregs du MNLA qui se sont saisis du nord du pays sont venus de la Libye. Quant aux groupes islamistes, ils ont été largement soutenus et armés par les Français lors de la lutte contre Kadhafi. Ils sont désormais face à l’armée Française au Mali.
D’autres intérêts sont probablement en jeu dans la région et beaucoup moins traités médiatiquement. L’ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy a par exemple eu beaucoup de mal à contrer les arguments du journaliste Belge Michel Collon lors de l’émission Ce soir ou jamais.
 

 
 
 
 
L’actualité Malienne est riche et complexe. C’est pourquoi il sera probablement nécessaire d’y revenir au fur et à mesure que de nouvelles informations nous parviennent. Une chose est sûre : la France s’est encore embarquée dans un conflit long. Et plus il durera, plus sa légitimité sera contesté de l’extérieur mais aussi de l’intérieur.
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